Sujet: (Eilis & Wyatt) may i help you, sir? Ven 9 Aoû - 15:13
may I help you, sir?
Les mains posées sur le comptoir de la cuisine, je fermais les yeux, réprimant un haut le cœur. Bien entendu, je n’allais pas échapper à ces satanées nausées du matin. Je respirais un grand coup, saluait Colin lorsqu’il arrivait dans la cuisine et après lui avoir posé un baiser sur le front je lui signais une question primordiale : jus d’orange ou jus de pomme ? Pomme ? Okay, c’est parti ! James arrive à son tour, splendide, comme à son habitude, un sourire s’affiche automatiquement sur mon visage. Il vient m’embrasser, notre fils laisse échapper un « bwark » qui nous fait rire. Il repousse une mèche brune qui est retombée sur mon visage lorsque je pose le déjeuner de mon fils dans son assiette. Pendant ce temps, mon mari verse du thé dans deux grandes tasses et me dit de m’asseoir. Je cède et me pose à côté de lui. Je n’arrive pas à toucher à mon thé, ni à la tartine beurrée à côté de la tasse. Oh, je déteste ça, j’en ai encore des souvenirs douloureux. Suite à cela, je souhaite aux deux hommes de ma vie une bonne journée, rappelle à James de faire les courses et part lancer une machine de linge. Une sorte de rituel avant le boulot. Je récupère mes prévisions de planning et pars de la maison. J’appose les écouteurs dans mes oreilles, allume mon ipod en mode aléatoire.
When you were here before, couldn't look you in the eye. You're just like an angel, your skin makes me cry… You float like a feather, in a beautiful world… I wish I was special, You're so fucking special…
Je chantonne sur le chemin me menant à l’hôpital après m’être arrêté à la boite aux lettres. Je jette un œil sur le courrier, pas de nouvelles de cette folle. Je respire, un jour de répit supplémentaire sans menace de toutes sortes. Je crois qu’elle ne connait pas notre nouvelle adresse, je respire en pensant à Colin. Elle ne pourra pas le toucher. Arrivée à l’hôpital, je file me préparer, réunis mes collègues présents et leur annonce que les plannings des prochaines semaines seront affichées dans la salle des gardes et que tout échange de gardes devraient passer par moi. Comme tous les mois, le même hiatus, encore et encore. « Aller, allons sauver des vies ! » Je lance avant d’appeler le premier patient. Nous enchainons coupures, maladies, sdf à dessouler, adolescents effrayés et objets mal placés. A quinze heures, je peux enfin aller prendre ma pause. Je décide de sortir prendre un repas avant de revenir de 18 à 22 heures. La blouse rangée, mes bottines remises, ma petite robe lissée, je sors du centre des Urgences. Une nouvelle fois, je mets mon lecteur de musique en place. Arrivée au refrain, je ne peux m’empêcher de commencer à chanter.
I can still recall our last summer I still see it all… Walks along the Seine, laughing in the rain. Our last summer, memories that remain. We made our way along the river and we sat down in the grass by the Eiffel tower. I was so happy we had met, it was the age of no regret… Oh, yes!
Un homme d’une quarantaine d’années me regarde de travers. Hum. Je lui fais un grand sourire : tu n’as pas l’habitude de voir des gens faire des concerts pour eux-mêmes dans la rue ? Oh quel dommage ! J’arrivais enfin dans un petit café, je demandais une salade et de l’Earl Gray avec un grand sourire. Certes, ce n’est pas courant de voir quelqu’un manger aussi tard mais lorsqu’à midi on est occupé à suturer un genou de petit bouchon turbulent, on n’a pas vraiment le temps de manger. Par la suite, je demande de la glace. Je ne m’y attendais pas vraiment mais j’en avais vraiment envie. Quelque chose de glacé dans cette canicule. Puis je décide de retourner à l’hôpital, j’irais dormir un peu ou faire quelques Sudoku avant la reprise. Ou même un peu d’heure sup’.
Sur le chemin du retour, je vis du coin de l’œil Wyatt Cavanaugh. Son nom me revint tout de suite. Je me redressais comme un piquet et continuais ma route, espérant qu’il ne m’ait pas vu. Chose étonnant lorsqu’on le regarde c’est ce visage enfantin, ces traits doux, ses yeux brillants. On ne se douterait pas qu’il puisse hurler sur son épouse comme je l’avais entendu faire quelques semaines auparavant. Il avait été si odieux. Il avait révélé sa véritable personnalité. Quand sa femme, la superbe Hazel était revenu pour que je retire les fils de leur fils, qui s’avère être un copain de mon propre enfant, je lui avais dit qu’elle pouvait partir. Qu’elle ne devait pas rester avec quelqu’un de violent. Elle m’avait répondu que je me trompais. Comportement typique. J’en avais vu des dizaines, la peau bruissée de bleus, des os mal réparés de peur d’aller à l’hôpital. J’avais peur pour elle. Et pour Embry. Qui sait ? Et même s’il ne la frappait pas, ce n’était probablement pas encore. Ses mots avaient été tellement violents qu’ils n’étaient pas bénins. La violence morale ne fait tout aussi mal que le reste. J’avais subit cette peur imaginaire des lettres anonymes, je n’osais imaginer être la victime des mots de son époux. Jamais James ne pourrait me faire ça. Certes, il peut se montrer enfantin et des dizaines de femmes souhaiteraient lui offrir son corps mais ses mots ne dépasseraient jamais sa pensée. Et même, même si la peur l’avait fait parler, ce n’est pas humainement possible d’être aussi abject et bas dans ses propos.
Mais ça n’avait pas marché, je n’étais pas passée inaperçue, il m’avait vu. Gé-nial. Je respirais un bon coup, retirais ces écouteurs que je gardais à la main, pressée de les remettre à leur emplacement et je répondais assez froidement, venant de moi « Bonjour. Que puis-je pour vous ? », tout en le regardant s’approcher de moi.
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Sujet: Re: (Eilis & Wyatt) may i help you, sir? Ven 9 Aoû - 23:08
may I help you, sir?
Assis dans la cuisine, j’attends que le temps passe. Je n’ai pas réussi à dormir, Sage s’est fait un malin plaisir à détailler toutes les choses qu’il ferait à ma femme s’il était à ma place. Je ne supporte pas quand il est comme ça. Pourtant, je préfère encore qu’il s’en prenne à moi plutôt qu’à Hazel. Ce qu’il lui fait subir est juste inhumain. Je ne comprends pas … il est resté silencieux pendant des années pour subitement revenir foutre le bordel dans ma vie … pourquoi ?! Je devrai peut-être lui demander … ou pas. J’avoue que j’ai peur de la réponse. Hazel descend les escaliers puis passe la tête par la porte de la cuisine. « Tu n’arrives pas à dormir ? » Je secoue la tête sans pour autant lui expliquer pourquoi. Sage n’est plus là, il doit dormir ou s’est mis en mode off … je ne sais pas trop comment il fonctionne. Hazel prend ma main et me tire vers le canapé dans le salon. Je m’effondre dessus et ma femme vient se blottir dans mes bras. Je la sers fort contre moi puis l’embrasse sur le front.
J’ouvre les yeux petit à petit alors qu’Embry me secoue. « Papa ! Papa ! » Je me redresse et m’étire alors que je vois mon fils, son sac sur le dos, déjà prêt pour partir à l’école. Je me lève et baille aux corneilles. « Tu dormais si bien que je n’ai pas osé te réveiller. » me dit Hazel un sourire sur les lèvres. J’embrasse Embry sur le crane et le voilà qui court jusqu’à la voiture. Je me dirige vers la jolie brune à laquelle je donne un doux baiser. Juste avant de refermer la porte d’entrée derrière elle, elle me rappelle que j’ai promis à Elliot de passer le voir à l’hôpital après son opération. Je lui souris et la voilà partie. Qu’est-ce que je ferai sans elle ? C’est pathétique … Pardon ? Sans elle, tu n’serais rien. Un pauvre bouffon qui n’sait pas où donner d’la tête. Et à qui la faute ?! Ahah ! J’peux pas être responsable de tous tes actes, mon coco. Je soupire, si seulement je pouvais me débarrasser d’toi, ce serait parfait. Rêve pas trop, Cavanaugh. J’attrape la cafetière et me sers une tasse fumante que j’avale en quelques gorgées. C’est chaud, trop chaud mais j’adore la sensation de ce liquide brûlant coulant le long de mon œsophage. Au moins quelque chose qu’on a en commun. Laisse-moi déguster, tu veux ? Rapidement, je prends une douche, enfile un jean délavé et un tee-shirt gris, puis quitte la maison en direction de l’atelier. Il est neuf heures et Elliot devrait sortir du bloc vers 16h, j’ai encore pas mal de temps devant moi pour peindre. J’arriverai peut-être à finir la toile sur laquelle je travaille depuis quelques jours. Tu devrais ajouter quelque chose pour casser la couleur, c’est trop clair, trop simple … Tu trouves ? Moi, j’aime bien. M’ouais. Je commence à peindre, et comme d’habitude, je pers rapidement la notion du temps. Lorsque je relève la tête de ma toile, il est déjà 15h30. Je me lave les mains puis prends le chemin de l’hôpital. Je grignoterai quelque chose sur la route.
Elliot est un petit garçon de six ans que j’ai rencontré alors que je racontais une histoire aux enfants du service pédiatrique de l’hôpital. Il avait énormément de questions, sur tout et n’importe quoi. Il voulait savoir ce que le héros avait mangé au petit-déjeuner, comment il était habillé, s’il avait une sœur, si son papa lui racontait des histoires le soir, et j’en passe. Après la session lecture, je me suis rendu dans sa chambre et lui ai proposé de rajouter des détails à l’histoire et il a commencé à imaginer des tas de choses plus ou moins intéressante. Il faisait vivre le héros. Par la suite, je suis souvent revenu le voir et on complétait les histoires ensemble. Aujourd’hui, il devait subir une opération relativement invasive et m’avait fait promettre d’être présent à son réveil. J’adore ce gosse. Étrangement, moi aussi. Il me rappelle un peu Embry. Tout en marchant, je regarde autour de moi et c’est comme ça que j’aperçois l’infirmière qui a recousu Embry après l’une de ses nombreuses chutes. Mon fils est un vrai casse-cou. C’est clair qu’il est pas comme son père. Je me dirige vers elle alors qu’elle ôte ses écouteurs. « Bonjour. Que puis-je pour vous ? » Je lui souris mais elle semble agacée par ma présence. « Madame Callahan, c’est bien ça ? Je suis le père d'Embry Cavanaugh. » Je lui tends ma main pour la saluer. « Je voulais vous remercier d’avoir pris soin d’Embry et d’avoir été aussi gentille avec lui. » Je sais que c’est son métier mais ça fait toujours plaisir de voir des personnes comme elle qui s’intéressent réellement à leurs patients. J’vois pas pourquoi tu tiens vraiment à la remercier … elle a fait ce pour quoi elle est payée. Et puis bon, ça fait plusieurs semaines … Peut-être parce que je n’ai pas eu l’occasion de le faire ? T’étais bien trop occupé à gueuler sur ma femme pour que je puisse faire ou dire quoi que ce soit ! Woh, ça va hein. Non, ça n’va pas ! Tu t’rends pas compte de c’que tu fais … Humph. « En tout cas, il était bien fier avec ses points de sutures. » Oh ça oui, il les montrait à tout le monde. Même au chat du voisin.
Eilis G. Callahan
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Sujet: Re: (Eilis & Wyatt) may i help you, sir? Sam 10 Aoû - 0:02
may I help you, sir?
Il me sourit en disant « Madame Callahan, c’est bien ça ? Je suis le père d'Embry Cavanaugh. » Je lui réponds simplement « Oui, je sais qui vous êtes. Et qui est votre fils… Embry Cavanaugh, naissance ; 31 mai 2004, à Wexford. Suture à l’avant-bras gauche après une chute d’un arbre. Vous êtes venus un vendredi. » Je replace une mèche derrière mon oreille. Je sais que ça fait hautaine mais je n’arrive pas à oublier quel genre de personne il est. Je n’y arrive pas. Je déteste les hypocrites, je fais tout mon possible pour en être une à l’instant même mais j’ai vraiment du mal. Mon côté « j’étale ma confiture » se manifeste généralement en cas de stress. Et en ce moment, travaillée par les hormones, le stress, ça me connait plutôt pas mal. Il me tend la main, je la considère quelques instants en l’écoutant. « Je voulais vous remercier d’avoir pris soin d’Embry et d’avoir été aussi gentille avec lui. » J’arrête mon mouvement avant d’arriver à sa main. « Vous… Vous avez les mains propres ? Vous savez, les mains sont un nid à bactéries... » Pardon, quoi ? Non là Eilis, t’abuses quand même un peu, il se montre poli et tu lui demande s’il s’est lavé les mains ? Tu ne veux pas non plus qu’il te donne un échantillon de sang pour analyse, voir s’il est dans son état normal ? « ... Pour Embry, il n’y a aucun problème, c’est un amour. Et ce n’était pas la première fois que je le voyais. Il est toujours très gentil. » Je déteste quand je suis comme ça, il doit me prendre pour une cinglée. Mais qu’est-ce que vous voulez ? Je ne l’aime pas, voilà, c’est dit.
Et pourtant, il reste là. Okay, tu m’as salué, c’est bien, maintenant rentre chez toi ou je ne sais où et arrête de me parler, arrête de sourire comme un idiot, arrête de ressembler à un gentil garçon alors que tu as un démon sur chaque épaule. Un silence de quelques instants s’installe. Je le regarde, il me regarde. On dirait une scène au rabais dans un mauvais film ou une série B. Il ne manquerait plus que quelqu’un crie « Ce n’est pas ton fils, Brandon ! » pour égayer la scène comme ils savent si bien le faire à Hollywood. Je n’ai qu’une envie c’est tourner le dos et de m’éloigner, je laissant planté là comme un con et me replonger dans ma musique. Juste lui tourner le dos et déguerpir avant que je ne dise ce que j’ai vraiment dans la tête à cet énergumène qui agit comme si de rien était. Vu ce qu’il me dit là, je me doute que son épouse, la splendide femme qui lui sert d’épouse, ne lui a pas dit ce qui avait résulté de notre dernier entretien, lorsque j’ai retiré les fils de l’ami de mon fils. Hazel ne lui a pas dit que j’avais pris ses mains entre les miennes et que je lui avais murmuré que l’hôpital était doté d’un système de service social aidant les familles en difficultés et les femmes battues. Elle ne lui avait pas dit que je lui avais dit qu’un homme violent le resterait toujours même si elle avait nié toute trace de coups. Il ne savait pas que je lui avais donné mon numéro de biper et mon numéro de téléphone personnel, pour si un jour elle changeait d’avis et avait besoin d’un endroit où se cacher que cet homme, ce Wyatt ne trouverait pas. J’avais envie de le lui cracher au visage mais je ne le pouvais pas. Pour elle.
Mais il n’avait pas l’air décidé à me laisser partir aussi facilement Il lança « En tout cas, il était bien fier avec ses points de sutures. » Je ris. Je n’avais pas pu faire autrement. J’hochais la tête en disant « Mon fils aussi avait montré ses sutures à tout le monde, du voisin au poisson rouge de sa classe. » Je passais une main dans ma crinière, laissée libre le temps de ma pause. Cette chaleur était insupportable. « Hum… » Je commençais mais ne finissait pas. « Comment dire ? » De nouveau, quelques secondes de silence s’abattirent sur nous alors que les rayons du soleil me faisaient quelque peu plisser les yeux. Je ne pouvais pas m’en empêcher, j’avais toujours besoin de dire la vérité à tout le monde, c’était insupportable. J’essayais toutes fois d’y mettre les formes, c’était le minimum que je lui devais. Quoi ? Non, je ne lui dois rien, on ne doit jamais rien à une personne violente. « Pourquoi êtes-vous poli aujourd’hui ? Pourquoi tentez-vous d’être sympathique ? » Je lui demandais, de nouveau distante. « Parce que, vous savez…. J’étais là. J’ai vu la manière dont vous avez parlé à votre femme et avant de me dire que c’est entre vous deux,… que c’est une histoire privée… sachez que c’était fort irrespectueux et bas. Infâme même. Elle ne méritait pas ça. Aucune femme ne le mérite. » Je me retournais et avançait de deux pas de plus vers l’hôpital. Hey ! J’avais dit pas de drama, bon, encore une fois mon cœur de chevalier de la vérité m’avait fait sortir ses quatre vérités à ce gentleman de pacotille. Je m’étais dit de tout faire dans la diplomatie et la mesure. Bon, c’était raté. Au moins je ne l’avais pas insulté. Enfin, cet embryon qui contrôlait mes hormones ne l’avait pas encore insulté dirons-nous. Je n’avais pas encore lancé que je ne comprenais pas comment Embry pouvait être aussi adorable et un ami merveilleux pour Colin en ayant un modèle tel que lui. Je n’avais pas encore dit que j’espérais, pour le bien de l’enfant et de sa mère, qu’un jour, ils partiront loin de lui. Je me retournais de nouveau et lui disais « Je sais que vous vouliez vous montrer poli c’est juste que… » Je soupirais, lassant ma phrase en suspend. Je ne savais même pas comment la terminer...