« Isaac, j'ai peur. » J'ouvrais les yeux avant de voir la silhouette de mon petit frère au niveau de la porte de ma chambre. En pyjama il me regardait avec des larmes qui perlaient au coin de ses yeux. Il avait quatre ans, j'en avais dix. Mon petit frère je l'ai toujours aimé, on aurait pu croire qu'à sa naissance j'allais faire la gueule, mais non, j'étais tellement heureux d'avoir quelqu'un avec moi dans cette famille de fou.
« Viens. » Fis-je en enlevant ma couette pour qu'il s'y faufile. Les éclairs illuminaient ma chambre et l'orage tonnait au-dessus de nos têtes, il ne mit pas longtemps pour me rejoindre. Je lui donnais au passage une peluche pour qu'il se calme.
« Maman elle dit que c'est Dieu qui nous aime pas. » Ma mère était stupide. Enfin, elle était surtout très grave. Mes parents étaient de fervents chrétiens qui ne rataient jamais une seule messe. A chaque fois qu'il y avait de l'orage, ma mère disait que c'était Dieu qui allait foudroyer un mauvais partisan. C'est sûr qu'à quatre ans il y a de quoi avoir peur.
« Ne l'écoute pas, elle est un peu siffonée. » Déclarais-je en fermant les yeux.
« Isaac ? » J'entendis sa voix faible dans ma chambre. S'il était venu me voir ce n'était pas par hasard, nos parents avaient toujours refusé qu'on les rejoigne dans leur lit quand on avait peur ou que l'on faisait un cauchemar.
« Tu me protégeras toujours dis ? » « Bien sûr. » J'entendis par la suite sa respiration régulière et j'en conclus qu'il s'était endormi. Mon petit frère c'est une des personnes les plus précieuses à mes yeux.
Je lui avais promis. Je devais rentrer pour le week-end à la demeure familiale, je passais mon vendredi soir en compagnie de ma meilleure amie : Zelda. Zelda j'avais le baguin pour elle, je ne le cachais pas, pourtant ce n'était pas réciproque. Elle sortait avec un mec, un crétin que je n'aimais pas mais je m'abstenais de lui dire de peur de la perdre. Mon frère m'appela plusieurs fois mais je ne répondis à aucun de ses appels car nous étions en train de dîner dans un restaurant sympathique. Le lendemain j'ai regretté. En rentrant je ne trouvais pas la trace de mon cadet.
« Il est où Billy ? » Je ne savais pas encore que cette question allait faire voler mon lien – petit mais quand même présent – avec mes parents.
« Il ne fait plus partie de la famille. » Mon père avait dit cette phrase comme s'il s'agissait d'un objet qu'on aurait mis à la poubelle.
« Ton frère a commis la pire bêtise au monde ! » Sérieux ? La bouille d'ange qui me sert de frère a fait une connerie ?
« Il a mis une fille enceinte ? » Fis-je en souriant.
« Il est gay. » « Attendez vous l'avez mis à la porte pour ça ?! » Je compris alors les coups de fils d'hier soir, il avait du avoir peur.
« Mais vous êtes carrément malade ! » « Baisse un ton jeune homme ! » « Non ! Vous êtes des tarés, mais encore pire que ce que j'avais imaginé ! Vous avez mis Billy dehors car il aime les hommes ? » « Il est possédé par le diable ! » « C'est vous qui êtes le diable ! Vivez au vingt-et-unième siècle ! On est plus à l'époque des sorcières ! » Je repris mon sac avant de claquer la porte. C'était la dernière fois que je mettais les pieds ici. Je passais ma journée à chercher mon petit frère dans la ville, frappant à toutes les portes avant que quelqu'un me dise qu'il était chez quelqu'un. Je pris cette adresse avant de frapper. Je demandais à voir mon frère, quand il descendit je vis bien ses yeux rouges.
« Je suis désolé de ne pas avoir répondu hier soir, je ne pouvais pas savoir. Allez viens. » « Je ne veux pas rentrer, je ne peux pas, je suis possédé. » Je soupirais.
« Mais non Billy arrête, tu n'es pas possédé, ils sont justes complétements tarés ! Allez viens, on va chercher un appartement, dans un mois je finis mes études et je rentre définitivement. » Je pris de l'autre main les affaires de mon frère avant de quitter cette maison inconnue. Au moins il n'avait pas dormi dehors.
« C'était qui lui en fait ? » [/color]Il ne répondit pas et il était devenu tout rouge.
« Okay j'ai compris... » Mon petit frère faisait ce qu'il voulait de sa vie, mais je ne tolérais pas qu'on le maltraite comme l'avait fait nos parents.
J'ai cru mourir. J'ai senti une terrible douleur. J'étais reporter et on m'avait envoyé pour que je prenne des photos de la guerre d'Iraq. On a été pris dans une embuscade et j'ai senti une douleur violente me prendre. Je n'ai pensé à rien sauf à Zelda. C'est son visage qui m'est apparu. Les années avaient beau passées j'étais toujours amoureux d'elle. J'avais beau sortir avec une autre fille et être fiancée à cette fille ce n'était pas pareil. J'étais fiancé à la sœur de Zelda : Winona. Tout ce que j'ai vu en tombant sur le sol c'est la chevelure blonde de celle que j'aimais. Après, le trou noir. Parait-il que je suis resté deux semaines dans le coma. Je me suis pris des balles. On ne peut pas savoir la douleur que ces petites pestes peuvent faire quand on n'en a pas eu. Mon rédacteur en chef s'est déplacé sur place à Bagdad.
« Ton badge de reporter je te le retire. » En plus de la douleur physique je venais de ressentir un coup de poignard.
« On a failli te perdre, je sais c'est le risque du métier mais je ne veux pas voir mes employés tombés sur le champ. Ne t'en fais pas tu restes dans le journal, tu es trop bon pour que je te laisses partir. Comment va ta jambe ? » Ma jambe, elle me faisait énormément souffrir. Elle avait été criblé de deux balles et j'en avais reçu deux autres au niveau de l'abdomen. Il s'occupa pour que l'on me transfère en Alaska à l'hôpital. Quand j'ai retrouvé mon pays natal, je restais encore un mois à l'hôpital pour la rééducation. Winona venait chaque jour me tenir compagnie comme une parfaite petite fiancée. Billy venait me voir à chaque fois et avait cru me revoir jamais, la première fois il a même pleuré. Mes parents ne sont jamais venu. Zelda oui, et quand elle est rentrée dans ma chambre elle a beaucoup pleuré :
« Quand on m'a dit que tu avais été touché lors de l'offensive majeure j'ai cru te perdre. » En la regardant je ressentis mon cœur battre plus vite.
« Et aussi pour la musique j'avais pensé à quelque chose d'assez classique mais sans pour autant que cela soit vieux tu vois ? » J'avais les yeux rivés sur mon ordinateur en train d'écrire un article. Il était vingt-deux heures et dans notre lit Winona avait beau me parler de mariage et de repas j'entendais à moitié ce qu'elle me disait. J'étais plus concentré sur ce que j'étais en train de rédiger.
« Isaac ! » Je relevais la tête vers elle.
« Je te parle là ! » « Excuse-moi mais il faut que je finisse ça. » « C'est toujours ton travail ! Tu es comme ma sœur vous êtes vraiment chiant ! » Elle bouda en lisant un magasine féminin. Je levais les yeux au ciel. A chaque fois c'était pareil. C'était incroyable le contraste de caractère entre Winnie et Zelda. L'une était sans cesse à vouloir que tout tourne autour d'elle, l'autre était plus à chercher le bonheur des autres. L'une piquait une crise pour rien, l'autre restait calme.
« Je ne sais pas si tu te rends compte que l'on va se marier ? Ca fait deux ans qu'on est fiancé ! » « Rien ne presse. » « Ca veut dire quoi ? » Je soupirais avant d'enregistrer mon article et de fermer mon fichier. [color=steelblue]« Rien, juste, relax. »
« Je suis tout à fait relax ! » Et elle éteignit la lumière sans même me dire bonne nuit. Ah les femmes...
« Elle a du culot à nous planter à son dîner ! » Je regardais Zelda qui soupirait. Elle consultait sans cesse sa montre avant d'abandonner. Winnie avait organisé un dîner pour le mariage qui se déroulerait dans cinq mois. Elle avait des choses à dire, encore. J'avais été convié et je ne savais même pas pourquoi. En tout cas elle avait deux heures de retard et elle nous annonça enfin par texto qu'elle ne viendrait pas.
« Ne t'énerves pas, c'est pas grave, tant qu'on est là autant dîner non ? Je t'invite. » Elle me sourit et j'en avais marre de sentir mon cœur tambouriné dans ma poitrine. Ce sentiment ne partait pas, même au fil des années. A la fin je la raccompagnais chez elle avant qu'elle ne m'offre un dernier coup à boire. Je ne savais pas si c'était les souvenirs ou le vin qui m'ait monté à la tête mais à un moment donné j'ai posé mes lèvres sur les siennes avant de lui donner un baiser. Rien à voir avec ceux de Winnie, j'avais l'expression d'un amour flamboyant. Elle ne m'a pas repoussé et au fil des minutes on est tombé à la renverse sur le canapé et avons passé la nuit ensemble. Je n'ai pas culpabilisé, c'est ça le pire. Quand je suis rentré chez moi, ma fiancée m'attendait dans la cuisine.
« Tu étais où ? Tu m'as trompé ? » C'était ça qui m'énervait un peu, je ne pouvais pas faire un pas sans être fliqué.
« Tu doutes de moi ? J'ai passé la nuit au bureau j'avais un article en retard. » C'est dingue comme c'est facile de mentir. J'ai déposé un baiser sur le coin de ses lèvres avant de monter.
« je t'aime. » j'avais murmuré ces mots au creux de l'oreille de Zelda alors que nous étions tendrement enlacé sous sa couette. Depuis des années j'avais rêvé de lui dire ses mots. Des petits mots rassurants, mais pour elle je ne voyais que cela ne faisait pas d'effet. On avait jamais parlé du mariage avec sa sœur, mais je savais que cela commençait à lui peser.
« Laisse-moi juste le temps. » « Le mariage est dans un mois ! » « Je te jure de faire vite, sois patiente. » Bien sûr à chaque fois que je suis avec Winnie je fais machine arrière, mais je sais qu'il ne me reste plus beaucoup de temps. Quatre semaines pour que les choses soient faites correctement. Comment est-ce que l'on peut dire à une personne que l'on couche avec sa sœur ? En tout cas je sais une chose : je veux Zelda près de moi, je veux quelqu'un de posé qui ne se prend pas la tête. Avec Winnie je ne m'entends plus, j'ai du mal à canaliser son caractère. Il y a trois jours j'ai enfin accompli ce que je devais faire. Zelda refusant de me voir tant que cela ne serait pas fait j'ai tout annulé. Je me suis pris une gifle. Je me suis fais traité de connard, mais par la suite j'ai appris qu'elle m'avait elle aussi trompé et plusieurs fois. Enfin de compte on n'est quitte. J'ai tout payé du mariage annulé, et maintenant je ne rêve que d'une seule chose c'est de retrouver ma petite blondinette.