1980 – 1985 : i won't forgive you...

Je suis né en janvier 1980 au sein d’une famille tout ce qu’il y a de plus normale. Ma mère était avocate et mon père garagiste, je ne manquais de rien. Nous habitions une grande et vieille maison de la petite ville de Maanosa et nous étions heureux. Ma mère était le genre de femme hystérique et parano qui voit le mal partout et un jour, pensant que mon père lui était infidèle, elle est partie. Je pense qu’à force de s’occuper d’affaires de divorces, ça a fini par lui monter à la tête. J’avais cinq ans quand je l’ai regardée faire sa valise, je lui ai demandé si je pouvais venir avec elle et vous savez ce qu’elle m’a répondu ? « Tu es un homme Rowan, tu es né pour trahir la femme que tu aimes. » Eh oui. C’est la dernière phrase qu’elle m’ait dite. Quand j’y repense aujourd’hui, je me demande si ce n’était pas sa façon à elle de me dire qu’elle aimait les femmes… Peu importe, elle n’est jamais revenue et à ce que je sache, elle ne s’est pas remariée. Elle vit avec une femme et elles ont adoptés une fille. Bah oui, parce qu’attention, les garçons, c’est le mal… Je plains cette gamine qui a due grandir avec une moralité pareille. Je ne pense pas avoir besoin de vous dire qu’à son départ, papa a été terriblement anéanti. Il pensait ne jamais s’en remettre et j’avoue qu’à cinq ans, je ne comprenais pas vraiment pourquoi, mais heureusement, la roue tourne. Personne ne peut rester malheureux toute sa vie.

1986 – 1994 : the only thing which matters

Papa a fini par retomber amoureux, il souriait tout le temps et je crois que même avec ma mère, je ne l’avais jamais vu aussi heureux de vivre. Un jour, en 1987, il est venu me voir avec sa nouvelle amie, il m’a pris par les épaules et m’a demandé si j’étais d’accord pour qu’il se remarie. J’aimais énormément Esmée, elle était tellement gentille, alors j’ai dit oui. Et par la suite, la famille s’est agrandie. Bluebell et Zoe sont venues grossir nos rangs en 1989, puis ce fut le tour d’Heather en 1994. J’étais très content de devenir grand frère. J’avais 14 ans quand la benjamine est née et je prenais mon rôle très au sérieux, je m’occupais d’elles, je jouais avec elles, j’étais prêt à tout pour ces trois petites têtes blondes. Je les trouvais tellement belles pour des gamines, qu’elles me fascinaient. Nous étions réellement proches et souvent, les plus grandes venaient squatter mon lit plutôt que celui des parents lorsqu’elles faisaient des cauchemars ou qu’elles avaient peur de l’orage.

1995 – 1999 : please, dad, don't leave us

Je crois que mon père n’a jamais été chanceux en amour, Esmée semblait la femme idéale mais il faut croire que nous nous trompions. Elle avait toujours rêvé de devenir chanteuse et elle en avait les capacités, seulement quand elle a rencontré mon père et qu’ils ont décidé de fonder une famille, elle a mis ses rêves de côtés. Pourtant, elle ne les a jamais complètement abandonnés et lorsqu’elle a jugé qu’Heather n’avait plus réellement besoin d’elle, elle a pris la décision de partir. Elle en a discuté avec mon père mais il n’a pas été en mesure de la convaincre de rester, elle a promis qu’elle reviendrait, qu’elle nous écrirait mais rien. Et aux bouts quelques années, nous avons arrêté d’espérer. Elle n’a pas idée de l’impact que son choix a eu sur notre famille. Non, elle n’en sait rien. Et si ça l’avait vraiment inquiété, elle aurait tenu parole… L’année suivante, papa est tombé malade. Les médecins nous ont expliqué qu’il l’avait toujours été mais que sa maladie était en sommeil et maintenant qu’elle était réveillée, son état allait empirer de jour en jour. J’avais alors seize ans quand j’ai promis au médecin de m’occuper de mon père, et à mon père, que je l’aiderais du mieux que je pourrais avec le garage et les filles. J’étais bon à l’école et j’aurai pu avoir n’importe quel avenir professionnel mais pour le bien de ma famille, j’ai abandonné mes études et j’ai commencé à travailler à temps pleins au garage. L’amyotrophie spinale de mon père progressait assez rapidement et il n’avait pas d’autre choix que de se déplacer en fauteuil roulant électrique. Nous avions besoin d’argent et j’étais le seul à pouvoir en ramener à la maison. Mes sœurs, qui avaient été très secouées par le départ de leur mère, étaient inconsolables à la vue de l’état de notre père. Blue et Zoe ont commencé à haïr Esmée d’être partie de la sorte, nous laissant dans une situation pareille… Trois ans après le diagnostic, papa est mort. Il a beaucoup souffert mais ne l’a jamais montré, il ne voulait pas inquiéter ses filles, il les trouvait trop jeunes pour faire face à un tel fardeau. Je ne sais pas si mon père avait prévu de succomber à la maladie juste après mes dix-huit ans, ou si c’est un pur hasard. Mais je suis sûr d’une chose, jamais il n’aurait voulu que ses enfants soient séparés par sa faute. J’ai alors pris mes responsabilités et je suis devenu le tuteur légal de la maison. J’ai continué à m’occuper de mes très chères petites sœurs. Nos grands-parents paternels, décédés bien avant ma naissance, avaient laissé à leur fils un bel héritage mais papa n’y avait jamais touché, il le gardait pour les études de ses enfants et après sa mort, j’ai continué selon son souhait. Quand il était encore malade, il voulait que j’utilise cet argent mais j’ai toujours refusé. Tenir le garage familial me plaisait et je ne voulais pas gaspiller notre héritage alors qu’il serait tellement plus utile aux filles et à leur avenir…

2000 – 2004 : would you marry me ?

Au début de l’an 2000, j’ai officiellement rencontré Pacey Rosewood. Elle était l’une des gamines pourries gâtées de Maanosa et je dois avouer que je ne la supportais pas. Elle n’avait que treize ans et pourtant, elle se prenait déjà pour le trou du cul du monde. Elle venait souvent au garage pour que je lui répare tout et n’importe quoi pour qu’elle reste soit disant la plus belle et la plus cool des filles de son école… Je trouvais que c’était du vrai n’importe quoi. Cependant, elle a grandi et, mine de rien, elle a fini par atteindre une certaine maturité. Quand elle a appris dans quelle situation étaient les Everdeen, elle est tout d’un coup devenue beaucoup plus aimable et attentionnée. Elle venait souvent m’aider au garage sans rien demander en retour, quand j’avais besoin de respirer, elle me proposait de garder Heather pour moi. Je crois qu’avec le temps, nous nous sommes beaucoup rapprochés. En 2002, Pacey m’a embrassé. Nous avions six ans d’écart soir respectivement 16 et 22 ans. Ce n’était pas convenable. Seulement, je suis tombé amoureux d’elle. Malgré les lois et ses parents, nous avons commencé à sortir ensemble, en cachette au début, puis officiellement. Le jour de ses dix-huit ans, je l’ai demandée en mariage et il se trouve qu’elle a dit oui. Elle est venue habiter avec les filles et moi, j’étais l’homme le plus heureux du monde. Je n’imaginais plus ma vie sans elle. Elle était tout pour moi

2005 – 2011 : i'm sorry, i'm guilty

Les six années qui ont suivies ont été les plus heureuses de ma vie à l’exception de quelques mois où Heather a commencé à se mutiler. Elle avait toujours été fragile, je le savais mais ce que j’ignorais c’est qu’elle se rendait responsable du départ de sa mère. Elle a toujours eu besoin de vraies explications mais celles-ci ne pouvaient lui être données que par Esmée, elle-même. Elle aurait été la seule à avoir un quelconque impact sur sa fille, sauf qu’elle n’était pas là. Avec l’aide de tout le monde, j’ai fait du mieux que j’ai pu pour l’aider mais il se trouve que la meilleure idée que j’ai eu ait été de l’envoyer voir un psychiatre. Elle avait besoin de parler, de se confier et aucun de nous n’aurait pu le faire aussi bien qu’un professionnel. Je me sentais coupable car j’étais l’adulte de la maison et j’aurai dû me rendre compte que quelque chose n’allait pas, j’aurai dû être en mesure de l’aider…

2012 - …. : love is weaked

Aujourd’hui, ma vie n’est plus aussi rose qu’avant. Je ne suis pas malheureux, mais je ne suis pas extrêmement joyeux pour autant. La femme de ma vie m’a trahie et je ne sais pas encore si j’arriverai à la pardonner un jour. Je l’aime, c’est une certitude, mais l’amour et le pardon sont deux choses bien différentes. Comme quoi, tu vois maman ? Il n’y a pas que les hommes qui peuvent déraper…